Titre : A la place du coeur
Edition : Collection R
Prix : 16.00E
Pages : 252
Note : 18/20
Résumé :
Six jours dans la vie de Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de janvier 2015 où la France bascule dans l’effroi.Ce soir, Caumes a 17 ans et attend le déluge. Il ne sait qu’une chose : à la fin de l’année, il quittera sa ville natale pour rejoindre son frère aîné à Paris. Paris, la ville rêvée. Ce soir, Caumes a 17 ans et attend aussi le miracle qui, à son grand étonnement, survient : Esther – sujet de tous ses fantasmes – se décide enfin à lui adresser plus de trois mots, à le regarder droit dans les yeux et à laisser deviner un « plus si affinités »…
Nous sommes le mardi 6 janvier 2015 et le monde de Caumes bascule : le premier amour s’annonce et la perspective obsédante de la « première fois ». Sauf que le lendemain, c’est la France qui bascule à son tour : deux terroristes forcent l’entrée du journal Charlie Hebdo et font onze victimes…
À la place du coeur, c’est ça : une semaine, jour après jour, et quasiment heure par heure, à vivre une passion sauvageonne et exaltante ; mais une semaine également rivée sur les écrans à tenter de mesurer l’horreur à l’oeuvre, à tenter de ne pas confondre l’information en flux continu avec un thriller télé de plus. Comment l’amour (qui, par définition, postule que « le monde peut bien s’écrouler ») cohabite-t-il avec la mort en marche ? Comment faire tenir ça dans un seul corps, dans une seule conscience ? Comment respirer à fond le parfum de la fille qu’on aime et comprendre, dans le même temps, que le monde qui nous attend est à terre ?
À la place du cœur propose un thème assez effrayant puisqu’il revient sur les attentats de Charlie Hebdo à travers le regard de Caumes, 17 ans. Je vis en proche banlieue de Paris, et j’ai vécu avec une étrange proximité ces funestes jours de janvier. À la place du cœur est un roman surprenant et émouvant.
Au-delà d’un roman qui fait revivre des jours sombres et difficile, A la place du cœur propose aussi une expérience de vie intense. C’est Caumes, le personnage principal qui malgré les évènements, vie d’une façon intense sa jeunesse, son premier amour, ses amitiés. Mais il est aussi exposé à la haine, au racisme et aux amalgames. Le contraste entre la découverte de l’amour et parallèlement à celle de la mort est saisissante. Avant Charlie Hebdo, on avait l’habitude de voir la guerre, le terrorisme sur nos écrans, mais surtout très loin de nous.
Entre beauté et dureté, cette lecture ne m’a pas laissé de marbre, je ne saurais donner mon ressentie avec exactitude, c’est une histoire très profonde, qui véhicule beaucoup de message positif comme l’appelle à la tolérence. La plume d’Arnaud Catherine est frappante, crue et marquante. Pas de faux-semblant, cela m’a énormément plus, cette véracité de l’être dans le récit. On ne part pas dans le mélodrame, l’auteur a su rester juste.
Les personnages sont l’incarnation de la vie, celle de Caumes qui culpabilise d’aimer alors que des gens souffrent, mais qui en même temps se sent vivant, et comment culpabiliser de se sentir vivant ? En lisant A la place du cœur, on n’a pas l’impression de lire un roman, mais plutôt d’écouter Caumes raconter son histoire, parce qu’il parait très réel. J’ai été charmée par les personnages, leur façon d’être, leur façon de vouloir cueillir la vie à plaine main.
La fin du roman m’a bouleversée, elle est dure, et assez en contraste avec le reste du livre, j’ai eu les larmes aux yeux et eu envie de hurler contre cette fin tellement atroce. Le final est tellement frappant, trop frappant, trop criant de réalisme, et reflétant trop bien notre société et les horreurs auxquelles elle peut se livrer.
Lire A la place du cœur, c’est accepter de se laisser submerger par ses émotions, par la puissance du récit. Cette histoire m’a permit de me rendre compte à quel point les attentats de janvier 2015 m’avait marqué et que parfois, le temps ne suffit pas a effacer les blessures.
Une réflexion sur “A la place du coeur, saison 1( Arnaud Cathrine)”